samedi 10 mars 2007

La bonté d’un inconnu

Vendredi 2 mars, gare d’Oxford, 15h12

J’ai quelques minutes d’avance. Mon amie F., de mes années d’université à Nottingham, arrive du nord de l’Angleterre pour venir passer trois jours avec nous. C’est aujourd’hui aussi, par un coup du hasard, que je revois mon amie B., aussi de mes années à Nottingham. Elle est de passage en Angleterre, ce qui se fait de plus en plus rare de nos jours, donc nous avions convenu d’un rendez-vous à Waterstone’s à midi. On vient de passer, avec son conjoint R., trois heures agréables dans le centre ville, à papoter, à regarder les livres et à déjeuner dans le café en bas de High Street. Ils nous rejoignent chez nous en fin d’après-midi, quand ils auront fini leur shopping.

C’est un autre coup du hasard qui me met nez à nez avec un petit comptoir Millie’s Cookies à la gare. Quand nous étions à Nottingham, B. et moi passions de temps en temps l’après-midi, entre deux dissertations, à faire les boutiques, et nous nous octroyions toujours un cookie dans l’accueillante boutique aux enseignes vert et bordeaux du centre commercial Victoria. Et puis un beau jour, nous avons décidé de nous acheter aussi un muffin chacune, mais de le conserver précieusement pour un brunch le lendemain matin. Ce devint rapidement comme un petit rituel.

La tentation est bien trop grande : je ne peux pas laisser passer une si belle occasion d’honorer notre passé estudiantin. Je me dirige vers le comptoir et demande s’ils acceptent les cartes de crédit ou de débit. Non. Les chèques ? Non. Ah. Gros dilemme. Je n’ai que quelques pièces dans mon porte-monnaie. Ca ne m’achètera pas les quatre muffins dont j’ai besoin pour satisfaire nos invités et nous-mêmes demain matin. Je réfléchis, j’attends que le jeune homme soit servi à côté de moi, je rouvre mon porte-monnaie, et me dis que décidément, non, je ne peux pas faire la bonne surprise à mon amie B. Tant pis. Je m’apprête à repartir mais la voix du jeune homme m’interrompt dans mon élan.

- Donnez-lui un cookie de ma part, s’il vous plaît, dit-il à la serveuse de l’autre côté du comptoir.

Puis, s’adressant à moi :
- Je vous offre un cookie. Allez-y, choisissez-en un !
- Non, non, ça va, merci, vous êtes bien gentil.
- Si si, allez-y, je vois que vous n’avez pas assez d’argent pour un cookie, ça me fait plaisir.
- Bon ben... d’accord. C’est vraiment gentil. Merci.

Et me voilà avec un cookie au chocolat blanc (mon préféré) en main, dans sa petite enveloppe blanche au logo vert et bordeaux, le sourire aux lèvres et le cœur encore tout étonné de la bonté de cet inconnu que je ne reverrai jamais. Je n’ai pas de muffins pour mes invités, mais j’ai un petit en-cas en attendant l’arrivée du train de F. !



PS : Mon amie C. m’a annoncé par texto, en octobre, alors qu’elle arrivait tout juste à Paris après un séjour en Oxfordshire, qu’il y avait un Millie’s Cookies à Opéra ! Si même Millie’s Cookies s’implante en France, bientôt il ne restera vraiment plus rien d’unique à l’Angleterre, et je ne pourrai plus écrire sur mes boutiques et cafés anglais préférés. A bas la mondialisation !!!

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