mardi 28 mars 2006

Changement d’heure

Je reviens tout juste de la gym, et pour la première fois cette année, il faisait jour ! Quel bonheur ! Mon pas était léger, j’avais encore plus d’énergie que d’habitude après une heure d’exercice, et mon cœur se remplissait de quiétude et de joie de vivre que seul le printemps peut apporter si rapidement à un cœur qui hier encore était plein de mélancolie et perdu.

Et puis pour la première fois de l’année aussi, le parc que je traverse pour aller à la gym et en revenir était vide – pas d’enfants, pas d’adultes, pas de joueurs de football, rien ni personne. Seuls les chants des oiseaux se faisaient entendre, mélodieux et remplis de gaieté et d’espoir. Encore un signe du printemps...

Comment peut-on oublier que le printemps est si beau et plein d’allégresse ? Chaque année, on retrouve avec émerveillement les petits détails de la nouvelle saison – le jaune des jonquilles, le vert clair des pousses du saule pleureur, les gros boutons des lilas, les petites feuilles des rosiers, le goût de l’air qui n’est plus si froid à l’aube, la chaleur du soleil un peu plus haut dans le ciel, les trilles des oiseaux qui chantent l’annonce du renouveau... Ah, et puis maintenant que j’ai ma propre maison et un grand jardin, tout cela signale aussi le début des plantations d’herbes aromatiques et de légumes, qui pousseront une fois le printemps bien établi, ou l’été à peine arrivé.

Merci à celui qui a eu l’idée de changer l’heure, une fois tous les six mois environ. En octobre, c’est beaucoup moins agréable, mais en mars, quel plaisir !

samedi 25 mars 2006

La culture française

En ce moment, la culture française me manque. Le raffinement, les serviettes de table, les repas de trois plats le soir, le fromage, la baguette, les bonnes tartelettes le dimanche midi...

Ici, ce n’est que fish n’ chips en take-away et bouteille de vin, le luxe. Le vendredi soir surtout, et le samedi soir, et le dimanche midi. Le fin du fin, c’est le ‘Sunday roast’, un simple rôti avec des pommes de terre au four, des légumes bouillis (ou à la vapeur si on a un peu de chance, trop croquants si on n’a vraiment pas de chance parce qu’ils ne sont pas restés assez longtemps dans le cuit-vapeur) et des ‘Yorkshire puddings’ (l’équivalent de la baguette, peut-être ? mais seulement dans sa fonction d’accompagnement, pas dans sa forme). Quelle déception, quel désastre. Et le tout bien tard, vers 15h00... Je me souviendrai toujours de ces dimanches matins interminables où on attendait le ‘déjeuner’, quand j’étais au pair, puis le repas, lui-même sans fin et sans raffinement... Mais tout le monde était excité par l’événement du dimanche...

Comment réconcilier les dimanches de mon enfance avec ceux-là ? C’était impossible. La montagne, l’air frais, le bon pâté de campagne sur la bonne baguette bien fraîche, quelques chips dorées toutes simples, une tomate saupoudrée de sel de mer, quelques radis coupés en quatre où venait s’insérer une lamelle de beurre frais, et enfin la fameuse tartelette, ou bien le mille-feuilles, si on se sentait courageux pour le porter pendant les longs kilomètres que nous parcourions avant d’arriver à notre lieu de déjeuner...

Voilà les dimanches d’été de mon enfance, sur les hauteurs de Nice. Je leur préférais les journées à la mer, tous les deux jours, pendant la semaine, mais maintenant que je suis une amoureuse de la nature, je me souviens de mes dimanches montagnards avec nostalgie et grande reconnaissance envers mes grands-parents, qui ont su me forcer à les suivre. Mes cousins m’ont dit qu’eux aussi voyaient leur enfance ainsi. Le pensum de la montagne... et maintenant, comme ils y courent et comme ils regrettent de ne pas l’avoir appréciée en compagnie de nos grands-parents... !

mardi 21 mars 2006

Le printemps

C’était le printemps hier, mais il a fait gris toute la journée, et aujourd’hui, on dirait bien que ça ne sera pas différent... Pourtant samedi et dimanche, le soleil brillait et l’air était d’une douceur incroyable, malgré la brise. Nous avons passé les deux après-midi dans le jardin, à planter nos graines pour nos futurs légumes et herbes aromatiques.

Le saule pleureur a commencé à montrer ses petites pousses vert clair. Il redevient un bel arbre. L’hiver, il a l’air tellement triste, ses branches toutes nues, jaunes, marron, comme les cheveux secs d’un vieillard. Maintenant, le printemps lui redonne sa jeunesse.

La chatte noire de la voisine ronfle à mes côtés sur son petit tapis de bain tout aussi noir (tellement noir que je n’ai pas vu la chatte qui dormait dessus hier soir !). Elle a une petite tache blanche au niveau du cou, d’où son nom, ‘Perle’, mais nous l’appelons autrement – ‘Baveuse’, car elle se met à saliver dès qu’on la caresse. Des perles de bave (ah, peut-être est-ce pour cela qu’elle s’appelle Perle !) sortent de sa bouche entrouverte, elle ferme les yeux, elle commence ses mouvements de pattes, comme si elle malaxait la pâte à pain, et la voici au paradis des chats !

Elle nous fait bien rire, Baveuse. L’autre soir, j’étais allongée sur le ventre près du feu, à 30 centimètres de la cheminée, et elle est venue s’asseoir sur mon dos, comme ça, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde, comme si c’était ce qu’elle faisait tous les soirs depuis toujours. On a pris quelques photos, tellement c’était drôle, à voir et à sentir, cette chatte qui n'avait pas l'air de savoir qu'elle faisait là quelque chose hors du commun...

Nous aimerions bien avoir un chat qui nous appartiendrait vraiment, mais d’un autre côté, celle-ci est presque la nôtre. Ici, c’est la maison de l’amour, de la tranquillité et du sommeil pour elle. Chez la voisine, c’est la maison de la nourriture, où elle ne va que pour manger, deux fois par jour, pendant dix minutes tout au plus. Les factures de vétérinaire sont payées par la voisine, les notes de supermarché pour les boîtes et croquettes pour chats aussi, alors pourquoi vouloir un autre chat, si la seule différence serait des trous plus profonds dans notre compte en banque.

Non, nous n’avons aucune raison de vouloir un autre chat. À moins que nous ne voulions un autre chat juste pour faire la pair, comme des parents veulent deux enfants – pas un, deux. Mais Baveuse n’aime pas la compagnie des autres chats. La voisine en a deux autres, et c’est en partie pour cela que Perle/Baveuse passe ses journées (et maintenant ses nuits, sur son beau tapis de bain noir !) chez nous. Alors nous n’allons pas infliger cela à notre chère petite Baveuse...

Mon histoire en bref

Quand je pense à ma venue en Angleterre, et mon installation définitive ici, je me souviens qu’elles tiennent à très peu de choses. Mais en même temps, elles sont rattachées à un certain nombre de personnes, ce qui me fait croire que le terrain avait été préparé depuis quelques années déjà, et l’aboutissement de ce grand programme ne pouvait pas être autre.

Je pense à une copine de lycée (même pas une amie) qui est liée directement à ma deuxième traversée de la Manche – elle allait être au pair en Irlande l’été 1995, et je pensais que c’était une excellente idée. J'allais faire pareil, mais en Angleterre. Quant à l’endroit exact, il fut déterminé par la connaissance d’un Anglais à travers une amie : il habitait à environ 40 minutes du bout de pays où j’ai fini par atterrir.

Le reste, ça remonte à bien plus longtemps que cela.

Mes parents m’ont appris les mots anglais pour les parties du visage en même temps que je les apprenais en français, et j’ai fait mon premier voyage hors de l’Europe, aux États-Unis, alors que je n’avais que 11 ans et quelques mois, avec mes parents. Puis, mon premier voyage toute seule en dehors de la France fut de nouveau aux US, l’été entre la 5ème et la 4ème – je n’avais même pas 14 ans.

Après ça, les États-Unis étaient comme ma résidence secondaire ! J’y suis retournée encore deux fois avant la Terminale (et une cinquième fois l’été dernier, avec mon fiancé, au grand âge de 28 ans !).

Puis ce fut ma première traversée de la Manche, à Noël en 1994. Je ne suis pas tombée amoureuse du pays tout de suite. On peut même dire que Londres m’a presque laissée indifférente. J’ai apprécié mon séjour, mais rien de plus. Pourtant, six mois plus tard, je reprenais l’avion, pour atterrir à Birmingham cette fois, et commençais mon ‘aventure anglaise’ : deux mois au pair, puis quatre ans à l’université, et maintenant six ans dans mon activité professionnelle de choix, l’édition.

Cela fait donc bientôt onze ans que je suis en Angleterre – et presque anglaise... Mais ces derniers jours, la France me manque et j’ai envie d’être bien française, de retrouver un peu mes racines, et surtout d'écrire en français. D’où ce blog.

En effet, je passe mon temps à lire en anglais, à parler anglais, à écrire mes histoires, articles, nouvelles, romans, en anglais, et j'ai parfois le sentiment de me perdre. Je vais tâcher d'y remédier ici.