mardi 20 novembre 2007

Marché

Il y a eu comme un déclic chez moi récemment. Enfin pas vraiment un déclic. C’est plus comme un déclenchement très lent, une bombe à retardement mais qui s’amorce tout doucement avant de vraiment exploser.

Je crois qu’elle a explosé pendant mon voyage aux États-Unis. Tous ces Américains qui mangent quatre tonnes chaque jour, ça m’a 1) dégoûtée, 2) fait très peur. Peut-être même peur au point de créer des angoisses psychosomatiques et de me faire avoir des douleurs dans les muscles, les articulations, l’abdomen et de me faire avoir des troubles de l’équilibre, du sommeil et de la digestion. Peut-être, dis-je bien. En attendant les résultats de ma prise de sang pour voir ce qui ne va pas (si possible), je ne mange ni blé (voire gluten) ni laitages, et ça a l’air d’aller déjà bien mieux. Est-ce lié au fait que je dors bien à nouveau, car je suis de retour dans mon super lit super confortable et qu’il n’y a pas de bruits qui me réveillent sans cesse tout au long de la nuit, ou bien à mes nouvelles habitudes alimentaires ? Je n’en sais rien. Bien sûr, c’est toujours difficile de savoir, dans ces cas-là. En plus, j’ai commencé à prendre (sur les conseils de mon père) un peu de Motilium et de l’Actapulgite, donc forcément, ça fausse la donne. Comme dit mon cher petit mari, ce n’est pas une expérience contrôlée... (il est physicien).

Toujours est-il que voilà, mon séjour aux États-Unis m’a fait remettre les pendules à l’heure, dans ma tête et dans mon corps. En Californie, ils sont bien plus portés sur la santé et la bonne bouffe que partout ailleurs aux US, mais tout de même, ils sont bien loin d’être au même niveau que la France, l’Italie, la Grèce ou l’Espagne. Ils sont plutôt comme les Anglais, je dirais – conscients des problèmes liés à la surnutrition et à la malnutrition, mais au niveau familial, il n’y a pas suite : on continue à ne pas cuisiner, à manger des frites et des chips (surtout des chips), à se faire des plats tout prêts pleins de sucre, sel et additifs en tous genres, et bien sûr à ne pas faire d’exercice.

C’est en lisant Animal, Vegetable, Miracle, de Barbara Kingsolver (si vous ne connaissez pas cet auteur américaine, lisez The Poisonwood Bible, un vrai chef-d’œuvre), que je me suis vraiment rendu compte de l’urgence qu’il y a à soutenir les petits marchés, les petits marchands et tous les bons produits locaux, souvent biologiques (et, si c’est un truc du genre pain ou gâteau ou ‘pie’, faits maison) qu’ils vendent, dans leurs fermes ou aux marchés (qu’ils appellent ici ‘farmers’ markets’). Il y a urgence pour plein de raisons :

1) C’est bon et bien meilleur que ce qui est produit à la chaîne/en gros, même si c’est plus cher.
2) C’est bon pour la santé, car il n’y a pas d’additifs et tous ces poisons.
3) Les fermiers, même s’ils utilisent des engrais chimiques et des insecticides, en utilisent beaucoup moins que les grands producteurs. Mais surtout, la plupart du temps, ils aiment leur planète et leurs clients et donc n’en utilisent pas du tout. Cela veut dire qu’ils n’empoisonnent pas nos terres ni nos animaux ni nous, et en plus ils enrichissent les terrains. Du coup, au lieu de nous obliger à faire face à une pénurie de bons et riches terrains d’ici quelques dizaines d’années (comme le feront très certainement les gros producteurs qui utilisent la terre comme si elle était riche comme Crésus et pour toujours et sans qu’on s’en occupe), et bien ils aident nos terres à survivre et, encore mieux, s’enrichir, s’embellir et s’épanouir, et donc nous donner des fruits, légumes et animaux encore meilleurs.
4) C’est bon pour la santé de la nation mais aussi, donc, pour les portefeuilles de tout un chacun : qui dit moins d’obésité dit moins de maladies cardio-vasculaires et dit donc moins de sous à donner pour la santé publique.

Il y a sans doute encore plein d’avantages, mais mon blog n’est pas là pour vous les citer et en parler ad nauseam. Moi je veux juste vous dire que DONC, avant-hier, ayant réalisé que le prochain ‘farmers’ market’ de notre jolie petite ville serait ce matin (puisqu’en effet, nous serions bien le troisième mardi du mois), j’ai décidé fermement de m’y rendre et, si possible, d’y dépenser quelques sous, afin de contribuer à la survie de ces gens qui ont choisi la voie de la ferme et de la campagne pour gagner leur pain – un choix difficile et qui mérite donc qu’on le célèbre.

En bientôt quatre ans que nous habitons ici, je n’y suis allée que deux fois, à ce marché. Souvent, je ne suis justement pas là ou pas disponible ce fameux troisième mardi du mois, ou bien je n’ai vraiment pas le temps, ou bien ça m’embête d’y aller, ou encore je n’ai pas envie de dépenser tant d’argent pour si peu. Mais maintenant que je me rends compte combien ils sont importants, tous ces petits fermiers, eh bien je veux faire un effort. Après tout, même si je ne dépense que quelques livres, ça peut les aider, et nous ça ne nous fait pas un trou énorme dans notre budget.
Mon Dieu, maintenant que j’ai goûté à quatre produits, achetés tout frais ce matin donc, je me dis que j’ai été bien bête toutes ces années ! Le jus de pomme est à tomber par terre – sirupeux, presque du nectar de poire !; les poires sont juteuses et sucrées et leur texture est parfaite ; le pâté de foie de volaille est goûteux, riche et fond sous la langue ; et enfin les olives sont marinées à souhait et il y en a pour tous les goûts. Tout cela, au bout du compte, ne m’a coûté que £11, alors il n’y a vraiment pas de quoi se priver ! De plus, quand on mange d’aussi bonnes choses, le plaisir dure jusqu’au lendemain, et finalement on a moins faim, donc on économise !

Mais le mieux de cette petite matinée à moi toute seule, c’était de me retrouver dans une atmosphère que j’aime – celle de l’activité des marchés, où les gens sont enjoués, vous parlent avec passion de leurs fruits, légumes et produits, de leurs fermes, de comment ils fabriquent leurs produits maison, de comment ils cultivent leurs fruits et légumes, de comment marche leur ferme, et puis bien sûr, du temps qu’il fait ! Le moment fort, c’est quand je suis arrivée sur la place du marché (littéralement – Market Place !) et ai vu tous ces gens s’agiter autour des présentoirs, goûter les miettes ou les petits verres à disposition avant de se décider à acheter ou non, et puis ce fut d’entendre une femme parler français. La femme au stand des olives et du pâté, justement. Son mari est anglais et parle pas mal français. Ils ont vécu pendant plusieurs années près de Calais dans un petit village, et depuis quelque temps ils habitent près d’Aylesbury, dans un petit village aussi.

Le prochain marché fermier, c’est le 18 décembre. Ce sera l’anniversaire de ma maman, et aussi le jour où je vois le chirurgien orthopédiste pour mon genou. Mais j’irai volontiers au marché à nouveau. J’y reprendrai des olives et du pâté, mais certainement aussi une ‘pie’ ou deux, peut-être au poulet et poireaux, peut-être au bœuf et Guiness, qui sait...

Edit: J'ai une thyroïdite d'Hashimoto... (ma TSH s'est emballée et a atteint 36!!! Une TSH à 1.5-4 est normale. Au-dessus, PAS normale!)

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