mardi 27 novembre 2007

Automne

Pour la première fois de ma vie, j’apprécie le mois de novembre. C’est le moment de l’année où il n’y a pas grand-chose à faire : trop tôt pour commencer les courses de Noël, et trop pluvieux pour s’occuper de la jungle qu’est devenu le jardin, au risque de s’engluer dans la boue vaseuse du marécage aux hautes mauvaises herbes qu’est maintenant le potager, parsemé de vieilles citrouilles ratatinées et des grandes feuilles flétries des concombres.

C’est une période un peu morte, et aujourd’hui, je me rends compte de sa valeur. Il faut en profiter car elle ne dure pas. Se reposer, être heureux de ne pas avoir à s’occuper de quoi que ce soit dans le jardin et de très peu dans la maison. Bientôt, la saison de Noël va commencer, il y aura les cadeaux à envelopper, les cartes à envoyer, les menus à préparer (au moins dans sa petite tête), les dindes et les bûches à commander... En attendant, profitons des balades comme celle que je viens de faire – ilèpasbeau le soleil d'automne sur la Tamise?!

mardi 20 novembre 2007

Marché

Il y a eu comme un déclic chez moi récemment. Enfin pas vraiment un déclic. C’est plus comme un déclenchement très lent, une bombe à retardement mais qui s’amorce tout doucement avant de vraiment exploser.

Je crois qu’elle a explosé pendant mon voyage aux États-Unis. Tous ces Américains qui mangent quatre tonnes chaque jour, ça m’a 1) dégoûtée, 2) fait très peur. Peut-être même peur au point de créer des angoisses psychosomatiques et de me faire avoir des douleurs dans les muscles, les articulations, l’abdomen et de me faire avoir des troubles de l’équilibre, du sommeil et de la digestion. Peut-être, dis-je bien. En attendant les résultats de ma prise de sang pour voir ce qui ne va pas (si possible), je ne mange ni blé (voire gluten) ni laitages, et ça a l’air d’aller déjà bien mieux. Est-ce lié au fait que je dors bien à nouveau, car je suis de retour dans mon super lit super confortable et qu’il n’y a pas de bruits qui me réveillent sans cesse tout au long de la nuit, ou bien à mes nouvelles habitudes alimentaires ? Je n’en sais rien. Bien sûr, c’est toujours difficile de savoir, dans ces cas-là. En plus, j’ai commencé à prendre (sur les conseils de mon père) un peu de Motilium et de l’Actapulgite, donc forcément, ça fausse la donne. Comme dit mon cher petit mari, ce n’est pas une expérience contrôlée... (il est physicien).

Toujours est-il que voilà, mon séjour aux États-Unis m’a fait remettre les pendules à l’heure, dans ma tête et dans mon corps. En Californie, ils sont bien plus portés sur la santé et la bonne bouffe que partout ailleurs aux US, mais tout de même, ils sont bien loin d’être au même niveau que la France, l’Italie, la Grèce ou l’Espagne. Ils sont plutôt comme les Anglais, je dirais – conscients des problèmes liés à la surnutrition et à la malnutrition, mais au niveau familial, il n’y a pas suite : on continue à ne pas cuisiner, à manger des frites et des chips (surtout des chips), à se faire des plats tout prêts pleins de sucre, sel et additifs en tous genres, et bien sûr à ne pas faire d’exercice.

C’est en lisant Animal, Vegetable, Miracle, de Barbara Kingsolver (si vous ne connaissez pas cet auteur américaine, lisez The Poisonwood Bible, un vrai chef-d’œuvre), que je me suis vraiment rendu compte de l’urgence qu’il y a à soutenir les petits marchés, les petits marchands et tous les bons produits locaux, souvent biologiques (et, si c’est un truc du genre pain ou gâteau ou ‘pie’, faits maison) qu’ils vendent, dans leurs fermes ou aux marchés (qu’ils appellent ici ‘farmers’ markets’). Il y a urgence pour plein de raisons :

1) C’est bon et bien meilleur que ce qui est produit à la chaîne/en gros, même si c’est plus cher.
2) C’est bon pour la santé, car il n’y a pas d’additifs et tous ces poisons.
3) Les fermiers, même s’ils utilisent des engrais chimiques et des insecticides, en utilisent beaucoup moins que les grands producteurs. Mais surtout, la plupart du temps, ils aiment leur planète et leurs clients et donc n’en utilisent pas du tout. Cela veut dire qu’ils n’empoisonnent pas nos terres ni nos animaux ni nous, et en plus ils enrichissent les terrains. Du coup, au lieu de nous obliger à faire face à une pénurie de bons et riches terrains d’ici quelques dizaines d’années (comme le feront très certainement les gros producteurs qui utilisent la terre comme si elle était riche comme Crésus et pour toujours et sans qu’on s’en occupe), et bien ils aident nos terres à survivre et, encore mieux, s’enrichir, s’embellir et s’épanouir, et donc nous donner des fruits, légumes et animaux encore meilleurs.
4) C’est bon pour la santé de la nation mais aussi, donc, pour les portefeuilles de tout un chacun : qui dit moins d’obésité dit moins de maladies cardio-vasculaires et dit donc moins de sous à donner pour la santé publique.

Il y a sans doute encore plein d’avantages, mais mon blog n’est pas là pour vous les citer et en parler ad nauseam. Moi je veux juste vous dire que DONC, avant-hier, ayant réalisé que le prochain ‘farmers’ market’ de notre jolie petite ville serait ce matin (puisqu’en effet, nous serions bien le troisième mardi du mois), j’ai décidé fermement de m’y rendre et, si possible, d’y dépenser quelques sous, afin de contribuer à la survie de ces gens qui ont choisi la voie de la ferme et de la campagne pour gagner leur pain – un choix difficile et qui mérite donc qu’on le célèbre.

En bientôt quatre ans que nous habitons ici, je n’y suis allée que deux fois, à ce marché. Souvent, je ne suis justement pas là ou pas disponible ce fameux troisième mardi du mois, ou bien je n’ai vraiment pas le temps, ou bien ça m’embête d’y aller, ou encore je n’ai pas envie de dépenser tant d’argent pour si peu. Mais maintenant que je me rends compte combien ils sont importants, tous ces petits fermiers, eh bien je veux faire un effort. Après tout, même si je ne dépense que quelques livres, ça peut les aider, et nous ça ne nous fait pas un trou énorme dans notre budget.
Mon Dieu, maintenant que j’ai goûté à quatre produits, achetés tout frais ce matin donc, je me dis que j’ai été bien bête toutes ces années ! Le jus de pomme est à tomber par terre – sirupeux, presque du nectar de poire !; les poires sont juteuses et sucrées et leur texture est parfaite ; le pâté de foie de volaille est goûteux, riche et fond sous la langue ; et enfin les olives sont marinées à souhait et il y en a pour tous les goûts. Tout cela, au bout du compte, ne m’a coûté que £11, alors il n’y a vraiment pas de quoi se priver ! De plus, quand on mange d’aussi bonnes choses, le plaisir dure jusqu’au lendemain, et finalement on a moins faim, donc on économise !

Mais le mieux de cette petite matinée à moi toute seule, c’était de me retrouver dans une atmosphère que j’aime – celle de l’activité des marchés, où les gens sont enjoués, vous parlent avec passion de leurs fruits, légumes et produits, de leurs fermes, de comment ils fabriquent leurs produits maison, de comment ils cultivent leurs fruits et légumes, de comment marche leur ferme, et puis bien sûr, du temps qu’il fait ! Le moment fort, c’est quand je suis arrivée sur la place du marché (littéralement – Market Place !) et ai vu tous ces gens s’agiter autour des présentoirs, goûter les miettes ou les petits verres à disposition avant de se décider à acheter ou non, et puis ce fut d’entendre une femme parler français. La femme au stand des olives et du pâté, justement. Son mari est anglais et parle pas mal français. Ils ont vécu pendant plusieurs années près de Calais dans un petit village, et depuis quelque temps ils habitent près d’Aylesbury, dans un petit village aussi.

Le prochain marché fermier, c’est le 18 décembre. Ce sera l’anniversaire de ma maman, et aussi le jour où je vois le chirurgien orthopédiste pour mon genou. Mais j’irai volontiers au marché à nouveau. J’y reprendrai des olives et du pâté, mais certainement aussi une ‘pie’ ou deux, peut-être au poulet et poireaux, peut-être au bœuf et Guiness, qui sait...

Edit: J'ai une thyroïdite d'Hashimoto... (ma TSH s'est emballée et a atteint 36!!! Une TSH à 1.5-4 est normale. Au-dessus, PAS normale!)

Famille

Un jour au mois d’août (le lundi 13, pour être précise), un peu plus d’un an après notre mariage, j’ai respiré un grand coup et me suis enfin décidée à affronter le Consulat Général de France a Londres pour mettre à jour tous mes papiers : transcription de notre mariage, inscription au registre des Français à l’étranger, passeport et enfin carte d’identité. Dans cet ordre-là, comme préconisé par une des nombreuses personnes que j’avais eues au téléphone auparavant, la seule qui semblât savoir quelque chose sur le sujet (surtout sur l’ordre dans lequel il fallait faire les choses, et donc prendre les rendez-vous). Le temps était magnifique – le soleil brillait et il faisait doux (rappelez-vous, nous n’avons pour ainsi dire pas eu d’été, ni en France ni en Angleterre, donc un beau jour au mois d’août 2007, ça se remarquait). Ces températures estivales m’avaient requinquée et avaient adouci ‘la pilule’ du calvaire presque inévitable qu’allait être le Consulat.

Et bien sûr, ce fut vérifié : un trajet pour rien, £18 pour rien, deux rendez-vous pour rien (je dis ‘pour rien’ parce que les deux rendez-vous où j’ai pu faire quelque chose, j’aurais pu faire tout cela par courrier). Car avant de pouvoir changer mon nom de jeune fille sur mon passeport et ma carte d’identité, il faut bien sûr avoir le papier de la mairie du lieu de naissance qui mentionne mon nouveau statut de femme mariée et mon nouveau nom de famille, et bien sûr ce nouveau certificat de naissance ne serait fait que d’ici quelques semaines (après la transcription officielle de notre mariage). Donc bien entendu, un nouveau trajet allait être nécessaire.

Mais finalement, ce ne fut pas trop douloureux. Surtout parce que je m’y attendais : il est bien connu que toute démarche administrative française, qu’elle soit faite en France ou à l’étranger, se solde tout d’abord par un échec... Mais aussi, ce ne fut pas trop douloureux car j’ai été impressionnée par le service toutefois agréable et efficace des agents consulaires : sympathiques, bien habillés (j’ai même considéré mon attente au consulat comme une place gratuite à un défilé de mode), plus ou moins à l’heure, souriants, aimables, patients. Peut-être qu’à force de vivre à Londres, ils se sont anglicisés et ont pris exemple sur les Anglais, très forts en matière de politesse ? Et puis bien sûr, il faisait beau, et finalement ce fut une aventure loin de mon travail freelance, qui commençait sérieusement à m’ennuyer, donc même si j’étais impatiente de le terminer, je sentais qu’il fallait que je m’en échappe, au moins pour une journée, afin de le retrouver avec un peu de plaisir et de le finir dans la joie et la bonne humeur.

Et puis quelque trois semaines plus tard, un beau matin, j’ai reçu mon livret de famille. Tout d’un coup, ça m’a frappée en pleine tête : on est vraiment une famille, on a créé notre propre famille. Eh bien ça m’a fait tout bizarre...

mercredi 7 novembre 2007

Ménage

Eh ben, j’en ai fait du ménage ! Quel bien ça m’a fait, ce séjour loin de tout et où, finalement, on n’a rien eu à faire côté... ménage justement (le vrai, l’ennuyeux, le rabat-joie), parce qu’on était à l’hôtel (suite avec kitchenette et grande salle de bains) et non pas en situation d’échange de maison ! Grâce au chef du collègue américain de mon mari. Le pied !

Du temps pour écrire – mais seulement mon carnet de voyages et mon journal intime (voui voui, y’a une distinction !), malheureusement pas pour mes romans ou nouvelles ou articles ; enfin si, le temps je l’avais pour ça aussi, mais j’avais d’autres chats à fouetter, d’autres trucs à ranger dans ma petite tête.

Du temps pour lire – énormément !

Du temps pour réfléchir (encore plus, car il le fallait bien).

J’y suis encore, aux US, mais plus pour longtemps. Alors j’en profite un max, pour continuer à faire toutes ces choses, même au détriment de quelques voyages de plus dans la baie de San Francisco et autour. Car les vacances, les vraies, c’est bien plus important qu’encore une visite au musée. Surtout que quand je rentre, ça va être branle-bas le combat et plein de boulot. Alors il faut que je sois bien reposée et bien relax.

mardi 2 octobre 2007

L’amour

La saison des mariages est maintenant terminée pour nous (nous revenons tout juste du troisième du mois de septembre !) Tous ces mariages m’ont fait penser à, repenser à et réfléchir sur le nôtre, il y a maintenant plus d’un an.

Une grande amie de mes années à l’université où j’ai fini mes études (ici, en Angleterre), aussi une de nos témoins, nous a offert un joli livre (un de ces livres où nous sommes le héros) pour notre premier anniversaire de mariage. Cela m’a replongée dans les souvenirs du jour de notre mariage et de notre voyage de noces. Ce fut fort agréable, et bien sûr très drôle.

Mais cela m’a fait aussi réfléchir sur l’amour et ce que c’est que de connaître quelqu’un. (Mon amie a dû poser pas mal de questions à mon mari pour remplir le questionnaire à renvoyer à l’auteur du livre.)

Récemment (voir billet précédent, mais aussi justement au mariage samedi 29), je me suis pris quelques gifles dans la figure, métaphoriquement parlant, et cela aussi m’a fait réfléchir. Ma conclusion est que je dois faire plus attention quand je fais des remarques aux autres. Ca fait rire la galerie, ça me fait rire aussi, bien entendu, et la plupart du temps, ma ‘victime’ rit de bon cœur aussi, mais je me rends compte que je dois blesser souvent quand même. Alors que mon père passe sa vie à infliger cela à son entourage et que je sais qu’il faut être bien solide pour ne pas être affecté, comme ils disent ici ‘I should know better’.

On m’a beaucoup blessée récemment, et 1) je sais que par moments je suis plus sensible qu’à d’autres (en ce moment !) donc je le prends mal, mais 2) ce n’est vraiment pas toujours agréable que la galerie rie à vos dépens.

Alors voilà ma leçon du jour, de la semaine, du mois, sans doute de l’année, même.

Ensuite, donc, cela m’a amenée à réfléchir sur comment nous connaissons les autres, en particulier ceux que l’on aime, et je me suis trouvée à réaliser combien maintenant mon mari me connaissait par cœur (ou presque !) et combien je le connaissais par cœur aussi. Je ne voulais pas qu’il connaisse mes défauts, je voulais les lui cacher pour toujours. Je ne voulais pas révéler mes faiblesses, encore moins mes vilains défauts – mon égoïsme sporadique, mes angoisses face au futur, mes idées de perfection qui me bouffent la vie, quotidienne mais aussi la vie en général.

Mais voilà, l’amour est un tout. C’est comme si on ne pouvait pas avoir le meilleur de l’autre sans aussi en avoir le pire...

Les défauts de mon mari ne me dérangent pas plus que ça, mais moi j’ai l’impression d’avoir les pires défauts du monde et que donc ça le dérange fortement et qu’à force, c’est sûr, il me quittera si je ne change pas.

Cependant, ce matin, j’ai réalisé que finalement, mes défauts ne sont pas si terribles que cela, qu’il y en a des pires, et, même, que somme toute, ces défauts font presque partie de mes qualités. Je m’explique. Par exemple, si je n’étais pas perfectionniste, tatillon, précise, je ne serais pas la bonne éditrice que je suis, j’oublierais toujours les anniversaires de mes amis et de ma famille (j’en ai oublié deux cette année – rien ne va plus !), je ne serais pas ponctuelle, ma maison serait un vrai foutoir, etc.

Mais comme toujours, dans la vie, il faut savoir se limiter. Dans ses excès comme dans ses défauts. Tout est une question de degré.

Aussi ces claques dans la figure m’ont fait du bien, je pense. Non, j’en suis certaine. Et au bout de la troisième, je savais qu’il fallait que je me regarde en face et fasse le point. Chose faite.

Je peux maintenant partir sereine aux États-Unis et, ou en profiter pour continuer à réfléchir, ou bien en profiter tout court.

mardi 25 septembre 2007

Rien ne se passe comme je veux

Rien ne se passe comme je veux, me suis-je dit à vélo tout à l’heure. La réponse me vint aussitôt, aussi limpide que le ciel azur au-dessus de ma tête :

C’est parce que je ne fais pas ce que JE veux.

En effet, ces derniers mois, TOUT n’est que pour les autres. De l’argent et des cadeaux de mariage pour les mariages des autres, de l’essence et du temps pour les mariages des autres, des photos à éditer et à mettre sur CD pour les mariages des autres (c’est un plaisir, mais c’est encore quelque chose à faire pour les autres), des journées entières passées à préparer la maison et des listes longues comme le bras pour les Américains, des heures et des heures passées à corriger le texte des autres et payée une misère pour cela (mais c’est en partie de ma faute – je ne pensais pas que ce livre me prendrait autant de temps à corriger...), des mois et des mois passés à taper les mémoires de ma grand-mère (je l’ai fait aussi pour moi, mais c’est encore quelque chose à faire pour les autres) (de toute façon, tout ce que je cite, j’en retire un certain plaisir, je le fais aussi pour moi, c’est sûr, mais c’est juste que tout cela en même temps, eh bien ma petite personne en souffre), préparer, chaque jour, de bons petits plats pour mon mari, des heures à taper des emails pour réconforter des amies, des cadeaux d’anniversaire à trouver et à envoyer, des cartes à écrire, etc. etc. etc.

ET MOI ??

RIEN.

Ah si, c’est vrai. Cinq minutes de lecture à la fin de la journée, allongée sur la canapé, exténuée, à 21h30, parfois plus tard.

Des obligations tous azimuts tous les jours, sans relâche, même le week-end, voici ce qu’a été 2007 jusqu’ici, à part 15 jours de vacances en France en mai. Oui, il y a déjà 5 mois... C’est bien loin...

Aussi, aujourd’hui, vais-je me faire plaisir. Oui, je vais quand même éditer quelques photos d’un des mariages, mais je vais aussi lire et me reposer sur le canapé – et cette fois-ci, bien avant 21h30. Et je vais écrire (ah, je suis en train de le faire, c’est bien !).

Car voilà : je n’écris plus. Et ça me manque. Quand je n’écris pas, j’ai l’impression de me perdre, jour après jour. De ne plus exister. Car bien souvent, je considère l’écriture comme l’essence de mon ‘moi’. Peut-être ne serai-je jamais publiée, mais je sais que j’écrirai toujours, que ce soit mon blog, mes nouvelles, mes romans ou mes articles de voyage. L’écriture est ma vie. Et quand j’oublie cela, ou quand je me dis d’arrêter de penser que c’est ma vie parce que « de toute façon je ne serai jamais publiée alors à quoi bon », eh bien ma vie s’arrête.

lundi 23 juillet 2007

Le parfum de la France

Pardonnez mon silence – nous avons eu des problèmes de wifi pendant huit jours. Mais nous revoici connectés au monde « en ligne » !

Pour fêter le 14 juillet (Bastille Day, comme ils l’appellent ici), un marché normand est venu embaumer Market Place de la ville où nous habitons. £25 plus tard, et nous voilà avec cinq variétés de fromages, un croissant, un pain au chocolat, un chausson aux framboises, six madeleines et quatre sortes d’olives dans des barquettes en plastique. Mon mari a même osé pratiquer son français ! Le fromager l’a promptement repris : « Puis-je goûter » !

Pour fêter le 14 juillet, hier soir ils passaient Belle de Jour au petit cinéma du Corn Exchange (et ce soir La Tourneuse de pages). La beauté de Catherine Deneuve m’a subjuguée pendant une heure et demie. Le comique de la façon dont ils jouaient à l’époque nous a amusées (je regardais le film avec mes deux élèves de français), et le kitsch mais aussi l’élégance des décors nous a fascinées.

Pour fêter le 14 juillet, ce soir nous avons invité à dîner un couple franco-anglais, C. et C., et je fais un repas bien français, qui inclut les cinq fromages achetés ce matin et un gâteau rhubarbe-amandes avec rhubarbe du jardin.

Le mercredi 25 juillet, j’irai peut-être voir Tell No One au Corn Exchange, dont j’ai découvert hier soir que c’était un film français. J’ai le livre (en anglais) et vais me dépêcher de le lire, pour pouvoir voir le film.

Que se passe-t-il ? Pourquoi la ville où nous habitons devient-elle tout d’un coup si francophile, pour ne pas dire cosmopolite ?

J’en suis tout heureuse en tout cas. Vive la France !

lundi 11 juin 2007

Suite française

Je lis ce livre (d’Irène Némirovsky) depuis deux semaines et me régale. C’est un cadeau de Noël de ma plus vieille amie, V. J’aime le fait que ce livre nous lie. V. est au Canada depuis presque 10 ans, et moi ici depuis bientôt 12, et nous ne nous voyons que très peu souvent – et très peu de temps quand nous arrivons à partager une crêpe à Paris ou un repas vietnamien chez ses parents.

Les livres nous ont toujours liées, ceux que nous lisons tout comme ceux que nous écrivons. Au fur et à mesure que je lis Suite française, je me pose plein de questions – sur la France, mon pays natal, sur la guerre, sur la justice, sur les émotions qui ont pu lier les Français et les Allemands à ce moment-là de notre histoire.

Mais le sentiment le plus fort qui règne en moi en lisant ce livre, surtout la première partie (décrite dans le prologue comme une « série de tableaux »), c’est l’incompréhension de la raison pour laquelle on ne nous apprend pas tout cela dans les cours d’histoire, pourquoi on passe allègrement sur l’exode des Parisiens, la grande défaite de 1940, et bien sûr l’occupation, ouh la grande honte de l’histoire française... On parle de l’appel du 18 juin, ah ça oui, mais de rien d’autre. On met cela sous le tapis en douce, et on passe presque directement à la grande victoire des Alliés et l’Armistice du 8 mai 1945 ! C’est une si grande victoire pour la France que cette date est jour férié dans le calendrier français ! Mais pas ici, pas pour les Anglais ! Et aux États-Unis, je n’en suis pas certaine, mais cela m’étonnerait fort.

Pourquoi célèbre-t-on en France une journée de l’histoire où nous n’avons même pas été acteurs ? Nous avons été libérés, nous n’avons pas gagné !

Je ne pense pas faire preuve de non-patriotisme en écrivant ce billet. Je suis juste étonnée que tout cela soit passé sous silence quand on nous apprend l’histoire de France à l’école, et que nos grands-parents ne nous en parlent pas non plus. Mon grand-père était résistant, je ne l’ai appris que seulement un an avant sa mort (de sa propre bouche, mais sans détails). Ma grand-mère a vu les Allemands occuper non seulement son pays, mais aussi sa maison, sa grande demeure chérie où elle avait passé tant de belles journées pendant sa jeunesse... Et pourtant, ni l’un ni l’autre ne me disent ou ne m’ont dit plus que quelques phrases sur ce sujet.

Alors, sujet tabou ? Oui, il faut le croire. Mais à quoi bon ? Mon mari, qui sait tout cela bien mieux que moi car il lit beaucoup de livres d’histoire et car on a dû lui en apprendre bien plus qu’à moi sur la défaite française de 1940 et ses contrecoups et sur la grande victoire des Alliés (celle de son pays plus que celle du mien), pense que la France a bien tort de ne pas enseigner toute son histoire. Elle n’apprendra pas et ne tirera rien des fautes qu’elle a commises, et elle les répètera un jour. Justement je lui avais dit il y a quelque temps : « Crois-tu qu’un jour la guerre éclatera de nouveau entre la France et l’Allemagne ? » Et il m’avait dit que oui, très certainement, surtout si la France continue à contrarier l’Allemagne en sucrant tout l’argent européen...

J’espère ne pas avoir à être témoin de cette guerre, si un jour elle se déclare. En attendant, apprenez à vos enfants que oui la France a été grande et gagnante par le passé, mais elle a aussi été petite et perdante, et il ne faut pas l’oublier, afin de tirer toutes les leçons nécessaires.

mardi 5 juin 2007

Le pays de mes ancêtres maternels

« Le bord du canal était la promenade traditionnelle des dimanches d’été nonchalants, à la recherche d’ombrages aérés et de brise légère sur la hauteur. Les gosses du pays se baignaient dans l’eau verte et tranquille que n’avait pas encore troublé le mazout des barques à moteur qui remuent la vase. Piscine naturelle, sans sauveteur agréé et sans professeur diplômé, les enfants apprenaient à nager tout seuls, parfois avec l’aide des aînés. Le critère était : « As-tu traversé le canal ? » Large de deux ou trois mètres, quelques brasses suffisaient pour se retrouver sur la berge opposée. »

Voici comment ma grand-mère décrit le Canal du Midi dans ses mémoires d’enfance, que j’ai amoureusement tapées ces derniers temps à partir de son manuscrit fait à la machine à écrire il y a quelques années.

Et justement, voici une semaine, j’étais dans son « pays », le Languedoc.

Pourquoi est-ce seulement maintenant que je m’intéresse à ses histoires ? Elle a 87 ans et demi (les demies comptent à nouveau à cet âge-là !), a toute sa tête et continue à me raconter les histoires de sa jeunesse. Elle a toujours mille anecdotes à conter, et c’est avec délice que je l’écoute maintenant. Avant, je n’essayais pas de les retenir, et c’est tout juste si j’écoutais – seulement d’une oreille distraite, comme on dit. Maintenant, je récupère chaque mot, chaque phrase, chaque expression dans un coin de mon cerveau et espère pouvoir les ressortir quand j’en aurai besoin ou quand je voudrai. Rien n’est moins sûr, mais au moins j’écoute et me régale !

C’est avec émotion que j’ai marché le long du canal avec mon mari, mardi dernier (il est un peu plus large que deux ou trois mètres, mais nous pardonnons à ma grand-mère cette petite erreur !). Et puis dans les rues de Capestang, de Murviel (le pays de mon arrière-grand-mère) et Montady (le pays de mon arrière-grand-père). J’ai eu un petit choc en voyant écrit sur une pancarte le nom de mes arrière-grands-parents, annonçant le domaine viticole du même nom. Ils fabriquent toujours du vin, les cousins !

La collégiale de Capestang, où ma grand-mère fut baptisée et où elle dit « oui » devant Dieu à son futur mari, fut aussi un moment marquant de notre périple. Ma grand-mère écrit :
« Capestang, un village étendu, aéré, ombragé, dominé par sa belle et vaste collégiale Saint-Étienne, adossé au Canal du Midi bordé de platanes, entouré de vignes qui s’étendent à perte de vue entre le canal et l’étang, le niveau le plus bas. Là, une grande partie des terres est inculte et sauvage et sert de trop-plein, en hiver, à l’Aude en crue. »

J’ai pris la petite ville en photo sous toutes les coutures, en particulier la collégiale et la maison où vécut ma grand-mère et où ma mère passa des étés mémorables. 13 rue de la République. Cinq maisons ont été construites là où, avant, mon arrière-grand-père cultivait ses légumes. C’est dire l’étendue du terrain !

Le midi, nous avons déjeuné simplement, dans un petit restaurant, à l’ombre des platanes. Tout était bon et frais, nous nous sentions vraiment en vacances. Il faisait au moins 25 degrés, nous n’avions plus froid ! (Nous venions de passer deux jours dans le Limousin, à 700 mètres d’altitude, et le beau temps n’avait pas été au rendez-vous le deuxième jour.)

Je découvris avec étonnement, et aussi un certain mépris, que Capestang était devenu en quelque sorte multilinguiste et comptait parmi ses touristes et ses habitants de nombreux étrangers, surtout des Anglais. C’était curieux. A mes yeux, Capestang était cette petite ville du Midi d’où ma grand-mère et mes aïeux venaient, aussi m’attendais-je à n’y trouver que des « petits vieux » et des rues désertes. Que nenni ! Des étrangers, des jeunes, des voitures récentes, des rues animées – quel contraste avec ce que j’avais imaginé !

Mais tant mieux. Il serait dommage qu’une aussi belle petite ville du Sud tombe en ruines, ne soit pas « sauvée » – même par des étrangers !

Une maison dans les champs

Notre résidence secondaire.

Oui, ça sonne bien.

Notre résidence secondaire à La Malherbe, près de La Verdière, en France, dans le Lubéron, en Provence.

Oui, ça sonne encore mieux.

Avec vue imprenable sur les champs, la campagne environnante, les coquelicots rouge vif au cœur noir et les pins et les oliviers argentés tout au loin, avec senteur imprenable de thym vert qui crisse sous les pieds.

Ah oui, c’est sûr, c’est encore mieux...

La maison : ancienne bergerie divisée en trois. La ‘nôtre’, c’est celle qui est coincée au milieu entre les deux autres parties. Insérée, presque. Mais quel espace ! La plus grande des parties ! Le spacieux séjour bien lumineux, avec l’immense cheminée à gauche en entrant, le coin salon-salle à manger, le coin cuisine, la porte fenêtre et enfin la grande terrasse de 100 m2 et la superbe vue !

Au sous-sol, deux chambres, salle de bains, toilettes séparées, un grand placard, un grand garage qui pourrait être converti en troisième chambre... Et un peu de terrain pour garer la voiture, puis les champs à perte de vue...

Mais nous n’avons pas assez d’argent, alors le rêve s’arrête là.

Pour le moment du moins.

mardi 27 mars 2007

Un joli cottage

Vouloir, et vouloir toujours plus, toujours mieux. Une maison individuelle, une maison qui a du caractère, avec de jolies poutres apparentes, des parquets en chêne massif, un joli toit de chaume, un grand jardin, dans un petit village calme, mais pas trop loin des magasins. Et puis quoi encore ? Ah oui ! Il la faut aussi à un bon prix, bien entendu ! Et après, qu’est-ce qu’on voudra ? Un beau corps de ferme, avec 100 hectares, le jardinier à plein temps qui vient gratuitement, des dépendances pour y mettre nos deux chevaux, deux garages pour nos voitures, plein d’arbres fruitiers et un grand potager pour qu’on soit auto-suffisants. Ah ! et puis bien sûr, une excellente école juste à côté ! Et puis, toujours, le bon prix...

Alors arrêtons de rêver, et surtout arrêtons de toujours vouloir plus ! Le bon prix, on l’a eu avec cette maison ; le grand jardin aussi, avec son joli saule pleureur en plein milieu, ses roses au parfum divin et assez d’espace au fond pour un potager de taille tout à fait raisonnable (on est presque auto-suffisants en été !) ; un grand espace pour la cuisine-salle à manger ; un salon de taille moyenne, mais on y a mis une belle cheminée et on a quand même la place pour deux canapés ; le centre ville à 7 minutes à pied, qui peut mieux faire ? Et puis, enfin, les écoles. Les 15-20 prochaines années pour nos enfants sont toutes planifiées : les deux premières à 5 minutes dans le parc, les 6 d’après à 10 minutes par la rue ; les 7 d’après à 3 minutes. Tout cela à pied. Quelles économies ! Et pas de ‘school run’ à faire, pas à s’inquiéter, pas de temps perdu, ni pour nous ni pour nos enfants. C’est très important, tout ça ! Alors, alors, elle est parfaite notre maison !! Et puis au moins, les paiements mensuels du crédit ne nous handicapent pas – nous pouvons quand même partir en vacances au moins une fois par an, et surtout, je peux retourner en France facilement et aussi souvent que je le souhaite. Ca n’a pas de prix, tout cela ! Et puis, bien sûr, je peux écrire, ma passion, mon futur.

Mais quand même, il était tout joli le petit cottage à un quart d’heure Oxford... Dans une autre vie peut-être, ou du moins quand on sera à la retraite...

mardi 20 mars 2007

Mon nom de souris

Il y environ deux ans, j’ai lu Almost French de Sarah Turnbull (2002). J’ai adoré son histoire et la façon dont elle la raconte. Australienne ayant quitté son pays d’origine pour retrouver un homme qu’elle avait rencontré peu de temps auparavant pendant ses voyages à travers l’Europe, son séjour de 8 jours se transforme en 8 ans... et plus ! Et son ‘petit copain’ devient son mari. Frédéric est typiquement français, et beaucoup des situations dans lesquelles Sarah se retrouve, en famille, entre amis, en ville, m’ont bien fait rire. La France m’a manqué, quand je lisais ses aventures parisiennes. C’est un des rares livres que j’aimerais relire.

Quand j’ai décidé de commencer à écrire ce blog l’an dernier, je me suis souvenu de ce livre et combien j’avais réalisé que moi aussi je n’étais qu’une ‘presque’... Je suis presque anglaise... et peu de temps après, j’avais compris que je suis moi aussi 'presque française' (almost French). Pas tout à fait l’une, pas tout à fait l’autre. C’est un embarras, mais c’est aussi une richesse, et il faut que je l’accepte, car ce n’est pas près de changer. Plus je reste en Angleterre, moins je suis française (du moins c'est mon impression). Par contre, je ne serai jamais plus (entendre le 's'!) anglaise, même si je vis dans mon pays adoptif encore quarante ans. C’est comme si ma personnalité culturelle était maintenant faite et prise dans un moule dont la partie anglaise (disons 80%) ne bougerait plus, et dont la partie française réduirait au fur et à mesure des années. Le plâtre a maintenant séché du côté anglais, et peu à peu le côté français, si petit, s'avachit, se flêtrit, redevient poussière. C'est le vent qui vient de l'autre côté de la Manche qui l'érode... Et, non, cela ne veut pas dire que les 80% anglais deviendront 100% un jour. Je serai juste aussi anglaise que maintenant, mais moins française. Je ne serai 'rien' dans les autres 20%. Ca n'a pas de sens, je sais, mais c'est comme cela que je le conçois. Je serai dans un moule culturel incomplet, c'est tout.

Cependant, même si je ne suis que ‘presque’ pour les deux nationalités, je suis heureuse. C’est le principal pour moi. Car ce ne fut pas toujours le cas. Aussi je ne veux pas que ce blog soit le récipient de choses malheureuses. Je ne veux y écrire que des choses joyeuses, positives. Il y a assez de malheur dans le monde. Je ne veux écrire quà propos de ses côtés merveilleux. Ca rendra peut-être mon blog un peu monotone, un peu ‘tout beau, tout rose, tout joli, tout super’, mais je m’en fiche. Je l’écris pour moi avant tout.

La vie, n’est-ce pas le bonheur et la joie, les rechercher et les trouver ? Et dans les plus petites choses, car il n'y a que là qu'ils se cachent ?

vendredi 16 mars 2007

Le vent en poupe

Me voilà remise sur pieds, enfin ! Première chose à faire (après un retour plutôt lent au travail mercredi et hier) : une balade à vélo. Une toute petite, car rapidement je me rends compte que je ne suis pas encore en top forme...
Le vent en poupe au retour, les pédales accélèrent toutes seules, et j’atteins ce stade que j’adore où je peux entendre tous les bruits de la nature tout en allant très vite. Quand le vent est de face, la seule chose que l’on entend, c’est lui. Il devient obsédé par sa propre présence et accapare toute l’attention. Il souffle dans les oreilles sans relâche. Mais quand il est en poupe, il s’efface et laisse place aux autres sons alentour. Les herbes hautes le long de la route, qui se penchent dans le même sens que mes cheveux et se frottent les unes contre les autres. Les mésanges et les rouges-gorges qui chantent et virevoltent. Les roues de mon vélo contre le tarmac noir et luisant. Mes reniflements car je ne suis pas encore tout à fait guérie et mon nez me le fait savoir, encore plus actif lors de ces efforts sportifs.

Oui, bon, ça, on pourrait s’en passer...

Mon déjeuner terminé, je vais maintenant me reposer sur ma serviette de plage dans la pelouse. Sinon, je ne tiendrai pas le coup demain, quand je passerai la journée à Thame, dans le nord du comté, avec deux amies de mon ancien travail. Elles sont anglaise et galloise, mais parlent très bien le français. Chouette, une opportunité de pratiquer ma langue maternelle !

Les Quinze Joyes de Mariage – Première joye

C’est un livre qu’une bonne amie australienne qui habite en France nous a offert pour notre mariage. Une vieille édition – M DCCC LXXXVII – c’est un livre charmant mais auquel je ne comprends pas grand-chose à première lecture. Car si le livre date de 1887, l’écriture, elle, remonte au milieu du XVe siècle !

Alors je vais écrire mon livre à moi, mes quinze joyes à moi.

La première, ce fut dimanche. J’ai sorti ma serviette de plage de toutes les couleurs. Comme m’a dit mon mari, c’est bon signe : signe que le printemps, ou même l’été, est là. Puis, assise sur la-dite serviette, plaisirs et petits bonheurs simples : le soleil qui me caresse tendrement la joue, comme pour me rassurer que je suis bien en voie de guérison ; la brise, qui me ravive le teint, gris-verdâtre ces derniers jours, et qui agite lentement les branches et les jeunes pousses du saule pleureur ; mon livre, le premier d’Agatha Christie que je lis en anglais, environ 15 ans après avoir lu quelques-uns de ses livres en français, au bord de la piscine en Provence en été ; mon mari, affairé à construire la clôture qui protègera un peu la cour devant la maison.

Mon mari, ma protection. La première joye, c’est cela : c’est de la sérénité, et le temps que je prends pour la savourer.

samedi 10 mars 2007

La bonté d’un inconnu

Vendredi 2 mars, gare d’Oxford, 15h12

J’ai quelques minutes d’avance. Mon amie F., de mes années d’université à Nottingham, arrive du nord de l’Angleterre pour venir passer trois jours avec nous. C’est aujourd’hui aussi, par un coup du hasard, que je revois mon amie B., aussi de mes années à Nottingham. Elle est de passage en Angleterre, ce qui se fait de plus en plus rare de nos jours, donc nous avions convenu d’un rendez-vous à Waterstone’s à midi. On vient de passer, avec son conjoint R., trois heures agréables dans le centre ville, à papoter, à regarder les livres et à déjeuner dans le café en bas de High Street. Ils nous rejoignent chez nous en fin d’après-midi, quand ils auront fini leur shopping.

C’est un autre coup du hasard qui me met nez à nez avec un petit comptoir Millie’s Cookies à la gare. Quand nous étions à Nottingham, B. et moi passions de temps en temps l’après-midi, entre deux dissertations, à faire les boutiques, et nous nous octroyions toujours un cookie dans l’accueillante boutique aux enseignes vert et bordeaux du centre commercial Victoria. Et puis un beau jour, nous avons décidé de nous acheter aussi un muffin chacune, mais de le conserver précieusement pour un brunch le lendemain matin. Ce devint rapidement comme un petit rituel.

La tentation est bien trop grande : je ne peux pas laisser passer une si belle occasion d’honorer notre passé estudiantin. Je me dirige vers le comptoir et demande s’ils acceptent les cartes de crédit ou de débit. Non. Les chèques ? Non. Ah. Gros dilemme. Je n’ai que quelques pièces dans mon porte-monnaie. Ca ne m’achètera pas les quatre muffins dont j’ai besoin pour satisfaire nos invités et nous-mêmes demain matin. Je réfléchis, j’attends que le jeune homme soit servi à côté de moi, je rouvre mon porte-monnaie, et me dis que décidément, non, je ne peux pas faire la bonne surprise à mon amie B. Tant pis. Je m’apprête à repartir mais la voix du jeune homme m’interrompt dans mon élan.

- Donnez-lui un cookie de ma part, s’il vous plaît, dit-il à la serveuse de l’autre côté du comptoir.

Puis, s’adressant à moi :
- Je vous offre un cookie. Allez-y, choisissez-en un !
- Non, non, ça va, merci, vous êtes bien gentil.
- Si si, allez-y, je vois que vous n’avez pas assez d’argent pour un cookie, ça me fait plaisir.
- Bon ben... d’accord. C’est vraiment gentil. Merci.

Et me voilà avec un cookie au chocolat blanc (mon préféré) en main, dans sa petite enveloppe blanche au logo vert et bordeaux, le sourire aux lèvres et le cœur encore tout étonné de la bonté de cet inconnu que je ne reverrai jamais. Je n’ai pas de muffins pour mes invités, mais j’ai un petit en-cas en attendant l’arrivée du train de F. !



PS : Mon amie C. m’a annoncé par texto, en octobre, alors qu’elle arrivait tout juste à Paris après un séjour en Oxfordshire, qu’il y avait un Millie’s Cookies à Opéra ! Si même Millie’s Cookies s’implante en France, bientôt il ne restera vraiment plus rien d’unique à l’Angleterre, et je ne pourrai plus écrire sur mes boutiques et cafés anglais préférés. A bas la mondialisation !!!

jeudi 8 mars 2007

L’amitié, d’ici et d’ailleurs

Une de mes plus anciennes amies, C., se marie fin septembre cette année.

Il y a trois semaines, C. et son fiancé sont allés voir W., le chéri de mon amie G., en concert dans un quartier sympa de Paris.

Il y a deux semaines, un dimanche matin, C. et son fiancé sont allés chez W. avec G. pour un brunch.

Deux jours plus tôt, ma troisième amie de Paris, A., avait dîné avec G. lors de son passage à Paris (elle habite maintenant à Genève).

Et moi... et moi, eh bien, je suis en Angleterre, et je ne suis que rarement de la partie. Ce sont mes amies, c’est moi qui les ai fait se rencontrer, et c’est elles qui se voient, sans moi.

Cela faisait bien longtemps que ces sentiments ne m’avaient pas assaillie – et heureusement. Mais ils sont vite repartis. Quelques larmes dans les bras de mon mari chéri, et l’impression de louper tout ce qui se passe sur Paris en mon absence a disparu.

J’ai fait mon choix. Il y a 11 ans, il y a bientôt 4 ans, il y a bientôt 8 mois, j’ai fait mon choix, à plusieurs reprises : l’Angleterre est mon pays maintenant, et je ne peux pas être partout à la fois. J’ai déjà bien de la chance de pouvoir retourner en France si souvent, alors ne nous plaignons pas. De plus, quelques jours plus tard, j’allais enfin revoir mon amie d’université B. De quoi me réchauffer le cœur pendant plusieurs jours, avant et après.

Heureusement, j’ai de très très bonnes copines ici. Des collègues, françaises et anglaises, qui sont devenues de vraies amies, en peu de temps. Il n’est pas facile de se faire des amies si tard dans la vie. Ce qui me lie à C., à G., à A. et à ma plus vieille amie (20 ans qu’on se connaît, cette année !), V. (au Canada depuis 8 ans), ce sont les souvenirs de notre enfance et de notre adolescence, nos blagues, nos questions, nos soucis, nos espoirs. C’est irremplaçable. Ce qui me lie à mes nouvelles amies d’ici, c’est le fait d’être françaises en Angleterre, c’est l’expatriation, c’est la culture anglaise, c’est la culture française, c’est nos oublis de la langue maternelle, c’est les mots que l’on crée, en franglais, quand on ne trouve ni le mot français ni le mot anglais. Ce patchwork de cultures, de mots et de souvenirs récents, ce présent à peine passé, voilà ce qui fait de nous des amies. Et le lien est presque aussi fort que celui que je partage avec mes amies d’avant 1995.

Vive l’amitié, sous toutes ses formes !

Dans le coton

Quelqu’un a doublé la hauteur des marches de notre escalier pendant la nuit. Un peu plus, et je n’arrive plus à les monter.

J’ai failli ne pas avoir assez d’énergie pour me laver – encore moins pour me rincer et me sécher – les cheveux ce matin.

Un à un, les 20 symptômes de la grippe disparaissent ou s'estompent, mais ce qui ne change pas du tout, c’est le niveau de fatigue extrême. C’est à peine croyable. Hier, je n’avais plus mal aux muscles, mais j’ai passé la pire journée malgré tout. Congestionnée, toussant encore plus, je n’arrivais pas à lire pendant plus d’un quart d’heure, je n’avais pas envie d’écouter la radio ou de regarder un film. Je me suis ennuyée à mourir. Moi qui ne m’ennuie jamais...

Ce matin, comme plusieurs fois pendant la nuit d’ailleurs, je me suis réveillée dans une piscine. Mon pyjama me collait aux jambes, au ventre et au dos, les draps étaient bons à essorer. J’ai dormi 11 heures, mais je me suis réveillée cinq fois en toussant et crachant mes poumons, à m’arracher la gorge. Mon mari est parti travaillé à 7 heures, et miraculeusement je me suis rendormie jusqu’à 9 heures. Ca ne m’était pas arrivé depuis bien longtemps. Malgré tout, c’est comme si je n’avais dormi que trois heures !

Aujourd’hui, je suis un peu moins congestionnée, et je tolère la fenêtre ouverte. En fait, j’en éprouve même le besoin. Il fait grand beau temps, comme depuis trois jours. L’air frais me ravive un peu, et les sons de la campagne environnante me sortent quelque peu de ma torpeur. Le milan rouge fait ses cercles au-dessus des maisons et nous fait entendre son cri perçant, les moineaux piaillent en virevoltant, le coq croit que c’est encore l’aube.

Et puis bien sûr, à tout cela se mêlent les bruits d’aspirateur de la voisine d’en face, le vrombissement sourd des moteurs de voiture qui passent dans la rue adjacente et... mon propre vrombissement, celui dans ma tête et mes oreilles, celui caractéristique d’un gros rhume et, aussi, donc, de la grippe. Le tout est comme emmitouflé par du coton, mais distinct tout à la fois.

Mon cher mari m’a offert un beau bouquet de tulipes hier soir. Je vais essayer d’en mettre la photo avec ce billet, mais Blogger ne m’a jamais laissé mettre une photo jusqu’ici. Je fais exactement comme ils disent de faire, ça a l’air de marcher, et au moment de publier le billet, rien ne se passe, la photo ne s’affiche pas. Je vais essayer à nouveau. Cela fait 6 mois que je n’ai pas essayé.

Edit: ça a marché! Incroyable! Je vais maintenant ajouter une ou deux images à d'autres billets, comme j'avais voulu le faire à l'époque.

mardi 6 mars 2007

Du fond de mon lit

Si je pouvais récolter les gouttes de sueur dans un seau, je suis prête à parier que les miennes le rempliraient aisément aujourd’hui.

J’ai la grippe. Je ne pense pas avoir déjà eu la grippe. Peut-être dans mon enfance... En tout cas, c’est fort désagréable. Le mieux que je puisse faire est de faire glisser mes chaussons lentement sur le sol pour aller me chercher de l’eau puis me remettre au lit.

Je tousse, je crache, j’éternue, j’ai mal à la tête, j’ai mal aux muscles et aux articulations, j’ai le nez bouché et qui coule tout à la fois. J’ai les 20 symptômes de la grippe décrits sur un des sites internet que j’ai compulsés cette nuit à 1 heure du matin, quand je ne pouvais pas dormir. Et je n’en suis pas fière, non. Normalement, je suis plutôt en bonne santé et n’attrape, au pire, qu’un mauvais rhume, qui dure, au pire, une semaine. Cet hiver, j’ai déjà attrapé quatre virus, et pas des plus inoffensifs.

Je pense que c’est peut-être dû au fait que je ne suis pas allée autant à la gym que l’an dernier (quand je n’ai attrapé qu’une infection à l’oreille et un mini-rhume, à la sortie de l’hiver). Ou bien est-ce que, avec la trentaine, les défenses immunitaires s’affaiblissent ?!

De mon lit, alors qu’hier je ne voyais que du gris et les fils électriques qui se balançaient sans arrêt au rythme de la bourrasque, aujourd’hui je ne vois que du bleu, et le jour est silencieux, calme. Je suis sortie dix minutes sur le patio tout à l’heure et j’ai humé pour la première fois cette année l’air doux du printemps. La BBC me dit qu’il ne fait que 11 degrés, mais on aurait dit qu’il faisait 15. Que c’est agréable !

Comme moi, Baveuse a profité du soleil et s’est étendue sur les lattes de bois, les rayons du soleil caressant ses poils soyeux. Jour après jour, je me sens de plus en plus sereine et heureuse et, comme elle, profite du moment présent, toujours. Comme les choses ont changé récemment ! Comme mon attitude s’est améliorée tout d’un coup. C’est presque incroyable. Et pour la première fois, j’ai l’intime conviction que cette fois-ci, c’est pour durer.